6
Dans le bus je laisse ma place par peur de me fondre avec la technologie. Suspendu à la structure de fer je me sens déjà habité d'un deuxième cœur. La biomécanique pompe mon sang sur l'artère d'une ville. J'irrigue la dynamique perpétuelle d'un peu de sang neuf aux crochets du bus. Ça sent comme dans une chambre froide. Les angles coupent, les secousses nous font tomber à genoux. Dans un concert de klaxons le conducteur s'excuse. Sa langue s'exprime par chiffres, nos âmes se déchiffrent sur le panneau indicateur. Arrêt suivant, la léthargie d'un groupe, le transport d'un autre groupe. Je traverse ces groupes et me confond parmi eux, je me reconnais en eux comme la façade effrayée d'une âme universelle. A la collision suivante, nouveaux échanges gratuits. Le sang contaminé se répand sous les moteurs.