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Le dernier besoin naturel

1 mars 2010

Finalement quand on est sur le ponton faut

Finalement quand on est sur le ponton faut sauter, y a pas à redire.

Les hésitants, les timorés, n'ont rien à dire. L'éloquence elle est dans la gaudriole terrible, le drame dérisoire. On se crève en amour parce qu'on veut en vivre ! On brode en marge le plus souvent, parce qu'un amour qui se vit est un amour qui se meurt. Dans la préparation et les entractes, il y a des résurrections. On prend position quand on baise. Quand on ne baise plus, on n'est plus l'ombre de rien. Tous les fantasmes mènent au parallélisme. On crève de son ombre inutile. Le tropisme de l'amoureux inutile, c'est la pénombre. Regarder son fantasme dans les yeux, c'est les fermer. On est dans l'attente angoissée parce qu'on veut saisir une projection, l'ombre sinistre qu'on anime et qui ne se capture pas. C'est la lumière qu'on voudrait boire, mais on sait qu'elle n'existe pas. Elle n'existe que dans ce qu'elle obscurcit en nous. Un pari constant sur l'avenir, sur les petits plans merdiques qu'on échafaude avec ce que ça comporte de dégueulasserie, de cynisme et de peur aussi, et de sincère espérance. On veut voir l'opacité du rêve briller en son centre, dans le trou du cul de son existence, celui qu'aspire tout, qui laisse rien. L'amour suinte du noir fluorescent.

La bile noire est le seul philtre d'amour authentique. On s'amuse de nos gargouillis, de ce sentiment qui métastase. Être malade, c'est déjà s'assurer qu'on est, c'est la consolation première. L'amour qui ne se dégueule pas n'a aucune valeur. Rien. L'amour est comme un alcoolisme, c'est le trop-plein, ce qui se refoule partout, par tous les pores, l'amour se sue, se gerbe, s'éjacule mais ne tarit pas. Un amour sec a fini de cuire. L'amour est un plat qui se gerbe froid. Il faut se retrouver nauséeux, malingre, plus petit et faible que son fantasme pour en finir. C'est le fantasme qui nous achève et éteint même la nuit. C'est la ligne de fuite qu'on a fixé tout ce temps qui s'évapore. Tout un monde retourne aux souvenirs. Un amour lucide n'en est pas un, l'amour est un tunnel bouché. Pensez bien qu'à ce train-là, une bite de plus ou de moins changera peu à l'opacité. Se diviser en amour, c'est le perdre, ou se sauver. Sortir du tunnel par la porte de secours n'offre que peu d'intérêt. Il faut fixer au loin l'absence de lumière et y projeter ce que l'on veut pour nourrir le rêve. S'écrire son petit feuilleton dramatique au-dessus de la réalité, cette mer d'huile. L'hallucination de la réalité, c'est la tempête sur le petit radeau pourri où l'on meurt de soif. On sentirait presque ces poumons.

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26 février 2010

11

Je me baladais près de mon ancienne école une nuit que le sommeil boycottait sans remord... C'était pas si vieux, l'affaire de quelques années, une petite poignée qui avait fuit comme du sable, c'était tout décombres et chantiers maintenant au souvenir de mon ancienne paroisse... Elles se faisaient face, les éducations avec ou sans Dieu c'était l'affaire de quelques mètres. Maintenant c'est fini, ils l'ont remis à ses ruines, Jésus. C'était une chapelle minuscule derrière des vitraux qui avaient pas digéré le cubisme, la seule forme concrète de chrétienté sur la devanture se situait au portique en une couronne d'épine, tressée de fer comme du fil barbelé. L'intérieur était exiguë et froid comme la morale. On y faisait des répétitions, pour les baptêmes notamment. J'ai été un beau bébé athée, c'est avec le catéchisme que ça c'est gâté, la chemise dans le froc et les verrues aux doigts, je faisais tellement pitié qu'on a du voir mon baptême comme une urgence médicale. Suffisamment pour qu'on me demande si encore j'en voulais pas davantage, une communion, confirmation ?... L'ondoiement t'as pas suffit ? C'est trop plein de formalités pour ne pas sentir l'arnaque. Quelque part il devait bien y avoir un truc moins limité.

La cour d'école fait maintenant face à un grand chantier, gris comme la lune derrière des grilles immenses, je me sens le sélénite de la terre, y a pas âme qui vive, même morte, dans un tel cratère. Les gamins ont toujours joué entre les murs hérissés de pieux, parait même qu'une gamine s'y est empalée une fois, le pal lui est rentrée un peu au-dessus de la chatte, dans son pubis imberbe. La fille du directeur, disait la rumeur. Un châtiment drôlement vache. Y avait un monument aux morts aussi, les morts tombés à la Résistance, je me remet mal le slogan aujourd'hui, ça dit un truc très fort sur la liberté et l'honneur des trépassés. L'honneur se défend bien qu'après la mort, c'est le Code civil qu'entérine ça. Pour les vivants, y a un peu de rab, mais il se monnaye. On diffame pas un mort, c'est trop de plaisir. C'est donc là qu'elle serait morte les pattes écartées, la gamine, plantée sur un haut-lieu de la mémoire nationale, comme pour résister un grand coup une dernière fois. Devant une chapelle pas encore déblayée en plus, elle avait le sens du symbole la petiote. C'est de l'acharnement sourd, de glisser comme ça par hasard sur autant de dégueulasserie. On la remarquerait plus aujourd'hui dans ce quartier éventré qui attend sa nouvelle érection. On la laisserait comme un petit fanion blond et gracile. Le petit mât tranchant de ce grand naufrage, avec son mousse clamsé au pinacle.

Ça ferait de l'effet.

20 février 2010

Sam veut troncher

Sam il pensait rien qu'à la même meuf, tout le temps, il en parlait avec du rêve dans les yeux et fallait pas le chercher là-dessus sinon il se braquait comme un roquet, il repérait de la vilénie partout dès qu'on citait le nom de sa folie en forme de salope. Il l'avait pourtant bien vu qu'une fois, la chanceuse, et c'était déjà un petit mythe. Il nous en causait régulièrement, comme des avertissements lancés au monde célibataire qu'il avait déjà à moitié quitté dans ses planifications fornicatrices. Disposant simplement de l'effet qu'il en retirait, de son extase hétérosexuelle, on ne pouvait que supposer la sérénité de l'admiration la plus béante, la plus béatement absurde, et espérer la ressentir égale quand elle nous tomberait sur la libido.

Être complice d'un charme, c'est usant, on s'emballe de précautions inutiles et pourtant on finit toujours par vexer l'idéal de l'autre. Sam m'embarquait avec lui dans un triolisme dérangeant, il voulait que je lui rédige sa séduction par SMS. Finir les phrases des autres c'est une ambition de tous les instants, alors je l'ai aidé un temps puis c'est devenu usant, tout affadi de conventions affligeantes, le langage du corps c'est une rhétorique finie, on fait glisser le loquet presque par accident à force d'y passer de l'huile. Assister Sam dans son entreprise de séduction c'était finement schizoïde, douloureux aussi, fallait résister à l'envie qui vous presse et vous somme de tomber le masque. Je recevais des réponses encourageantes, ça me faisait des érections honteuses, tordues, comme nouées. Faudrait que je me découvre avant la dernière ligne droite, l'axe sublime où l'on veut tous engager un peu de son muscle bandé.... J'suis réglo, j'ai fais tout ce que Sam voulait pour bien lui matelasser son futur coït. Un homme de l'ombre hors-pair, comme le voyeur reclus qui se touche sur de l'exhibitionnisme sordidement ordinaire.

Finalement Sam il l'a même pas serré, à cause que la nana habitait trop loin et que la baise serait pas rentable. Ça a pris un tournant comme ça, on repartait la queue entre les jambes, décalés à jamais de cette nana qu'on avait quand même un peu tronché par procuration. J'me disais.

16 février 2010

9

Qu'est-ce que tu veux faire quand tu te réveilles à 17h, que tu profiteras au maximum d'une heure de lumière solaire avant l'abattement nocturne, que le café est froid et ton petit-déjeuner stigmatisé sous les regards parentaux ? y a rien à faire, de la musique pour occuper l'espace un peu, ton portable pour rappeler ton existence à l'autre, une douche pour ranimer le corps... des milliers de petites percussions sur ton épiderme, une nuée de chaleur flottante baignant le corps nauséeux jusqu'à un imperceptible changement d'humeur, une coloration subtile, du bleu au jaune... Les déclinaisons poétiques du malaise, c'est des monochromes subtils, un genre de Rohtko clinique. On est bien caméléon qu'à 17h, resté à l'aurore de sa propre dimension, la langue pendante au fond de la gorge, le regard vitreux et les os en verre, avec tout le cours du temps qu'on a bouleversé rien que pour soi. Il est derrière nous le temps, il rogne tout le monstre, il grignote et ne laisse que des miettes jusqu'au prochain festin décalé des astres, quand on sera bien en bas de la terre, à six pieds.

3 février 2010

Sam veut un boulot à la bibliothèque

Actuellement en colocation dans un appartement onéreux de Lyon 6ème où je survis entre oisiveté et nonchalance constante, un besoin vital d'afflux pécuniaire se fait sentir alors que mon géniteur a décidé de couper les vivres. L'odieux chantage pousse ma carrure musclée et mon cerveau atrophié à un emploi, et surtout une rémunération. J'ai eu une pensée pour la prostitution et le combat de rue avant de me rappeler ma plus grande passion après l'haltérophilie et l'origamie : la lecture. J'adore les brochures publicitaires, les notes de frais et les insultes en sms.

Si je pouvais mettre mes facultés de lecture, mon expertise à TETRIS et mon désœuvrement au service de votre bibliothèque, porté comme je le suis et comme il se doit à la sous-traitance et aux basses œuvres de rangement je serais ravi d'y toucher en contrepartie un chèque dûment mérité.
Je suis également disposé à servir de videur, car il est notoire que les bibliothèques sont infestées de délinquants marocains et qu'il est nécessaire parfois de combattre le feu par le feu, c'est marqué dans la Bible.
Mon CV est plutôt maigre mais en fin lectrice - je supputes que vous êtes une put.. une femme car dans mon esprit étroit les bibliothèques c'est un truc de meuf, d'ailleurs j'ai des soucis avec ma sexualité - en fin lectrice vous saurez lire entre les lignes et m'embaucher sur votre instinct aiguisé. Et je saurais récompenser votre regard suave de quelques giclées collantes de mes sécrétions fertiles. C'est comme ça que je marque mes pages, à la sueur de ma bandaison... Je m'engage à traiter votre courrier et votre matériel littéraire avec plus de soin et moins de liquide. Une performance à saisir. Pensez-y, entre vos lectures d'Othello et vos caresses génitales passionnées. Vous ne savez pas tout ce que j'ai à offrir. Des proportions qui dépassent l'imagination du producteur porno russe.
La Mafia toute entière tient pas sur mon membre délicat.

Cette lettre de motivation s'éternise au fur et à mesure que j'écris en me secouant la queue, et je n'aurais bientôt plus d'ardeurs à prouver dans cet écrit nimbé de ma semence, mais toujours un zeste de motivation à gicler sur un bureau propre et chauffé. Ayez une pensée pour mon hygiène de vie et les vicissitudes de mon existence. Ne faites pas de moi le énième clochard blanc de cette foutue ville.

Je mérite mieux, et vos abonnés aussi.

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1 février 2010

7

14h34 : bordel, en cours de science-po le lourdaud nazillon de prof qu'on s'enquille chaque lundi nous fais un topo des grandes questions françaises du XIXème, avec tout le fatras nationalisé que l'on sait, de l'Alsace-Moselle à la question d'identité francofrançaise, fromage de table et pinard avec une légère évocation de la question du paupérisme ouvrier pour aboutir sur un atterrant enjeu fin-de-siècle : LA QUESTION JUIVE, dit-il, avec la référence historique objectivo-neutre Dreyfus & co. si ce mec n'était pas déjà trempé de merde brune j'lui aurais demandé pourquoi il parlait pas de la question antisémite, mais devant 500 abrutis ça finirait sûrement en imbroglio insoutenable

14h47 : bordel d'ambiance pourrie, ça parle de Batailles et Aron maintenant, j'rouille et me morcèle, j'apprends rien et j'avais grave envie de me pieuter encore une aprem

14h51 : il vient de pécho une nana avec un rire un brin trop sonore, la pauvre s'est esclaffé quand il fallait pas, et voilà qu'il la somme de venir à son bureau à la fin du cours, la relance toutes les 2 minutes avec le champs lexical guerrier qu'il affectionne - et à l'amphi de se retourner, de baver et de mirer la langue pendante ce petit bout d'humilité se faire manger par le micro-tyran aux yeux éteints de fouine. la blonde descend silencieusement à la fin du cours sous un silence solennel, parodie insoutenable où les yeux convergent tous vers ce minuscule point qui s'extirpe de la masse le regard fuyant. personne n'ose prendre de pause de peur de rater une larme, un vacillement, une insulte, n'importe quoi et le prof lui passe un savon en parlant à moitié dans le micro, ordurier et bas-du-front, il dresse un exemple en même temps que son énorme phallus professoral qu'il enfourche en signant le petit papier qui va sceller un conseil de discipline, petite session sado-maso de conclusion.

15h03 : bordel de bordel et les gens continuent de rigoler

20 janvier 2010

6

Dans le bus je laisse ma place par peur de me fondre avec la technologie. Suspendu à la structure de fer je me sens déjà habité d'un deuxième cœur. La biomécanique pompe mon sang sur l'artère d'une ville. J'irrigue la dynamique perpétuelle d'un peu de sang neuf aux crochets du bus. Ça sent comme dans une chambre froide. Les angles coupent, les secousses nous font tomber à genoux. Dans un concert de klaxons le conducteur s'excuse. Sa langue s'exprime par chiffres, nos âmes se déchiffrent sur le panneau indicateur. Arrêt suivant, la léthargie d'un groupe, le transport d'un autre groupe. Je traverse ces groupes et me confond parmi eux, je me reconnais en eux comme la façade effrayée d'une âme universelle. A la collision suivante, nouveaux échanges gratuits. Le sang contaminé se répand sous les moteurs.

20 janvier 2010

5

Ne surtout pas fixer les gens mais s'attarder sur d'autres riens, le point invisible, ne pas gonfler l'importance que se fantasment ces gens, plutôt animer des ectoplasmes aux détours d'un couloir ou une chimère pour passer le temps, les gens semblent des méduses, s'ils sont poreux rien ne révèle mieux leur substantiel liquide de bactérie évoluée que leurs regards amorphes, perdus dans des abysses de rien - même pas de l'imagination, mais d'autres regards vides, reflet de rien - où ils ne se noient jamais. Cela mérite bien quelques larmes avant de rejoindre le prochain banc d'invertébrés

9 janvier 2010

4

Regard absurde qui ne s'arrête sur rien, ne retient rien, s'exerce à s'user, s'user sur des murs gris qui ne renvoie rien au regard crevé, et regarde encore, encore, pour finir la fin, passer le passé indépassable, passer la mauvaise passe parce qu'il faut bien passer un jour, à l'envers du décor, ce qu'on regarde sans jamais le reconnaître, ce qui nous reconnaît sans jamais lever l'oeil, l'imprudence, l'imprudence et le regard vide, le regard vide au fond du mur gris, la tension sur la nuque et la fatigue des épaules, le visage las et le regard, désespérément vide.

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